Le transport solidaire, sous son appellation réglementaire du transport d’utilité sociale, recouvre des formes d’organisation très diverses. Si la plupart du temps les services sont assurés par des conducteurs bénévoles au moyen de leurs véhicules personnels, d’autres formes existent pouvant aller jusqu’à des chantiers d’insertion qui fonctionnent pratiquement comme des entreprises avec des chauffeurs salariés et des véhicules dignes de services de transport.
Conducteurs bénévoles ou salariés
Les conducteurs du transport solidaire sont généralement des bénévoles, souvent de jeunes retraités qui ont le temps et l’énergie pour venir en aide aux autres et notamment leurs aînés. Les conducteurs sont défrayés la plupart du temps des coûts de carburant et d’usure de leur véhicule, il reste que cela peut représenter un investissement important, surtout que les bénéficiaires du transport sont accompagnés à l’aller comme au retour, et bien souvent les conducteurs les aident à faire leurs courses ou s’orienter dans un établissement hospitalier.
Mais il est aussi possible d’organiser un transport solidaire avec des conducteurs salariés. Le transport solidaire est un support d’activité pour de nombreuses associations et chantiers d’insertion, ce qui est tout à fait possible à condition que le service reste à titre « non-onéreux » d’après la loi Grandguillaume du 29 décembre 2016. En effet, une association d’insertion n’est pas une entreprise, elle peut faire participer les bénéficiaires au coût du service, mais son objectif est aussi l’insertion de ses salariés éloignés de l’emploi, activité pour laquelle elle peut bénéficier d’aides ou de subventions pour équilibrer son budget.
Focus sur Pannecé Teillé – Association de transport solidaire
L’association Pannecé Teillé Solidarité Transport existe depuis près de 15 ans, regroupe exclusivement des bénévoles, elle s’adresse principalement aux personnes âgées de Pannecé Teillé en Loire Atlantique (44) et des communes environnantes. Les conducteurs transportent les bénéficiaires dans leur véhicules privés, mais ils bénéficient d’une police d’assurance souscrite par l’association – via l’UDAMS44 regroupement d’associations départementales. L’association compte près de 80 chauffeurs et rend service à plus de 300 bénéficiaires pour plus de 1 000 trajets par an.
Véhicules privés ou collectifs
Ici encore la plupart des associations se reposent sur les véhicules privés des conducteurs pour fournir le service de transport solidaire. Mais d’autres formes existent, notamment lorsque l’association dispose déjà de véhicules affectés à d’autres activités. Ainsi, les unités locales de la Croix-Rouge peuvent mutualiser les véhicules affectés à d’autres activités (secourisme, aide alimentaire, etc.) pour transporter les bénéficiaires.
Cela permet de mieux utiliser les véhicules disponibles, mais aussi de simplifier les questions de défraiement des bénévoles : il est souvent difficile de défrayer au plus juste les coûts de carburant ou d’usure d’un véhicule, car tous n’ont pas la même consommation. De plus certains conducteurs habitent plus ou moins loin des bénéficiaires, et cette portion du trajet n’est la plupart du temps pas comptée dans les frais kilométriques. Enfin, le décret du 20 août 2019 a fixé un plafond de défraiement maintenant trop bas au regard de l’inflation. Disposer de ses propres véhicules est donc un moyen d’éviter des injustices entre les conducteurs et permet aussi à l’association de fixer plus librement les participations au service, notamment pour les personnes à faibles ressources.
Avoir des véhicules plus grands comme des vans 9 places permet aussi de grouper les déplacements et donc de servir un plus grand nombre de bénéficiaires avec le même nombre de bénévoles – et ce sont souvent les bénévoles qui sont la « ressource rare » du transport solidaire.
Enfin précisons que rien n’oblige à se déplacer en voiture ! Ainsi le centre social de La Pépinière de Pau propose-t-il un transport en vélo triporteur électrique, ce qui est bénéfique pour l’environnement et aussi pour la santé du bénévole aux pédales !
Focus sur Croix-Rouge Mobilités
Croix-Rouge Mobilités est une initiative de la Croix-Rouge pour aider à la mobilité sur les territoires, au moyen du transport solidaire, du covoiturage solidaire et de l’autopartage. Le transport solidaire a par exemple été mis en place par les unités locales de Saint-Jean-Cappel dans le Nord (59), Duras dans le Lot-et-Garonne (47) et Pontarlier dans le Doubs (25).
Rôle et statut des référents – un métier de pros ?
Les référents sont les personnes qui vont s’investir plus particulièrement dans l’organisation du service, et leurs missions varient d’une structure à l’autre : réponse par téléphone aux demandes de déplacement effectuées par les bénéficiaires, affectation des demandes selon le planning et la proximité des conducteurs disponibles, communication, « recrutement » de bénévoles, vérification des critères d’éligibilité des bénéficiaires, etc.
Ici encore, des associations vont se reposer sur des bénévoles pour remplir ces missions, ou même faire tourner ces missions entre plusieurs bénévoles, tandis que d’autres vont faire le choix de salarier ces référents, notamment quand l’activité est importante, ou qu’il est intéressant de mutualiser ces missions avec d’autres activités salariées (accueil dans un centre social par exemple).
Focus sur le centre social du Pays de Bray
Le centre social François Maillard situé au Coudray-Saint-Germer dans l’Oise (60) propose plusieurs déclinaisons de transport solidaire, dont un transport collectif qui va chaque semaine dans un marché ou supermarché différent, ce qui permet de regrouper les demandes de déplacement en un même véhicule – économisant ainsi du carburant et surtout ne sollicitant qu’un conducteur.
Structures porteuses – de l’association locale à la fédération nationale
Toutes les associations de transport solidaire ne se ressemblent pas. Certaines auront pour objet unique le transport solidaire et ne couvriront la plupart du temps que quelques communes et plus rarement toute une communauté de communes. Pour d’autres le transport solidaire est une activité parmi d’autres, à l’instar des fédérations nationales telles que Familles Rurales ou La Croix-Rouge qui animent de multiples autres activités sur les territoires et peuvent aussi plus facilement s’appuyer sur l’expertise de leur réseau pour fournir efficacement des services de transport solidaire. Les centres sociaux vont aussi plus facilement pouvoir mutualiser des ressources et notamment des salariés entre leurs multiples activités.
N’oublions pas les services « historiques » de transport solidaire portés directement par des mairies ou des CCAS ou CIAS, et créés avant la parution du décret du 20 août 2019 qui limite l’organisation du transport d’utilité sociale aux seules associations.
Les bénéficiaires – des personnes âgées aux jeunes en recherche d’emploi
Les associations porteuses de transport solidaire sont libres de choisir les bénéficiaires du service – quelquefois avec le conseil ou sous le contrôle des collectivités et autres financeurs (Pôle Emploi par exemple). Si la plupart réservent ce service aux personnes âgées, notamment dans les territoires ruraux, d’autres ciblent plutôt les jeunes sans permis ou voiture, les personnes en insertion pour l’accès aux formations ou la période d’essai d’un retour à l’emploi, les personnes en situation de handicap, les bénéficiaires de minima sociaux, etc.
Focus sur l’association chantier d’insertion Mobil’Emploi
Mobil’Emploi est une association chantier d’insertion active dans le Finistère Sud (29) et qui emploie en moyenne 50 personnes par an. L’association transporte principalement des personnes pour les aider à retrouver une activité économique, et a notamment perçu des subventions du Fonds Social Européen. L’association propose aussi des services de location de voitures et scooters et dispose d’une plateforme de mobilité pour conseiller les bénéficiaires dans leur parcours de mobilité.
Les territoires – des campagnes aux villes
Les associations de transport d’utilité sociale n’interviennent pas uniquement en territoire rural, même si c’est souvent là que se concentrent les personnes en précarité de mobilité du fait de l’absence de transport en commun. Certains services officient aussi en milieu urbain, notamment pour accéder à des zones d’activité mal desservies en transport en commun. Et même au sein des zones peu denses, les besoins de déplacement peuvent aller de la desserte du centre-bourg jusqu’à l’accès à la grande agglomération plus lointaine.
Les motifs de déplacement – la santé, l’emploi, les loisirs, ou tout cela à la fois ?
Certains services vont plutôt se concentrer sur les déplacements pour motif médical, tandis que d’autres vont aussi permettre l’accès aux courses, aux commerces locaux, la desserte d’une zone d’activité éloignée ou bien d’un grand pôle hospitalier. Les motifs de déplacement sont très liés aux territoires d’intervention et aux bénéficiaires pris en charge, mais peuvent varier de service en service.
Enfin n’enfermons pas le transport solidaire dans les déplacements « essentiels » comme les examens médicaux, il est quelquefois tout aussi important d’aller se promener avec une amie ou d’aller régulièrement chez sa coiffeuse préférée !
Et vous, quel est votre « parfum » de transport solidaire ?
Dans cet article nous avons donc exploré les principales dimensions du transport solidaire :
- Statut des conducteurs
- Propriété des véhicules
- Statut des référents
- Type de structure porteuse
- Bénéficiaires cibles
- Territoires couverts
- Motifs de déplacement
A votre tour de vous emparer de notre kit de création pour créer le service de transport solidaire qui vous ressemble et qui correspond aux enjeux de votre territoire ! Et n’hésitez pas à partager vos expériences sur notre page Facebook !